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Le Vide et le Zéro

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  Ce que les grands maîtres ont trouvé au cœur du combat Ils ont tous fini par le dire, chacun avec ses mots, mais toujours la même découverte : au sommet de l’art martial, il n’y a plus rien à saisir. Le poing se dissout, l’adversaire disparaît, le moi s’efface. Reste seulement un cercle parfait : ○ C’est le secret ultime que les vieux maîtres transmettent à voix basse, quand les élèves sont enfin prêts à entendre l’inaudible. Gichin Funakoshi et le kara du karate Quand Funakoshi arrive à Tokyo en 1922, on l’appelle encore « karate-jutsu », l’art de la main de Chine. Il change l’idéogramme : il remplace « Chine » (唐) par « vide » (空). Un journaliste lui demande : « Pourquoi parler de vide ? » Funakoshi répond calmement : « Parce que la main vraiment puissante est celle qui n’a plus rien à prouver. Elle est vide de colère, vide d’orgueil, vide de peur. C’est pourquoi elle peut tout contenir. » Son karate-do commence là où le coup s’arrête. Morihei Ueshiba et le grand cercle ...

La Voie Intérieure

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  Les grands maîtres et le chemin au-delà du combat Le kata est parfait, le coup de poing traverse l’air comme un éclair, l’adversaire tombe sans que l’on ait vu le mouvement. Et pourtant, à l’instant où le silence revient dans le dojo, les plus grands maîtres vous diront la même chose : ce n’était rien. Le vrai combat n’a jamais eu lieu sur le tatami. Il se livre chaque jour, à l’intérieur. Morihei Ueshiba : « Je ne combats plus personne depuis 1925 » En 1925, après avoir désarmé un officier de marine au sabre sans le toucher, O-Sensei traverse une expérience qu’il décrira jusqu’à sa mort comme une « illumination ». « L’univers entier est devenu doré. J’ai compris que je faisais partie du Tout et que le Tout faisait partie de moi. À cet instant, j’ai pleuré comme un enfant. » À partir de ce moment, il ne parlera plus jamais de « vaincre l’adversaire » mais de « réconcilier les opposés ». Ses dernières années, il répétait à ses élèves : « Vous croyez que vous venez apprendre à v...

La Recherche du Do par les Grands Maîtres des Arts Martiaux

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En japonais, le mot « Do » (道) signifie littéralement « la Voie ». Dans le contexte des arts martiaux, il dépasse largement la simple technique de combat pour désigner une discipline de vie, un chemin d’accomplissement personnel et spirituel. Si les termes « jutsu » (術) désignent l’aspect purement technique et efficace (ju-jutsu, ken-jutsu, aikijutsu…), le passage au « Do » (judo, kendo, aïkido…) marque une transformation profonde : l’art martial devient un vecteur d’éducation, d’harmonie et de sagesse. Les plus grands maîtres du XXᵉ siècle ont tous, à leur manière, consacré leur existence à cette quête du Do. Leur enseignement dépasse le tatami et touche à la philosophie, à l’éthique et à la compréhension de la condition humaine. Jigoro Kano (1860-1938) – Le père du Judo Fondateur du judo en 1882, Jigoro Kano est le premier à avoir systématiquement transformé un jutsu (le ju-jutsu des écoles traditionnelles) en Do. Pour lui, le judo devait servir deux principes suprêmes : Seiryo...

La philosophie des grands maîtres d'arts martiaux

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  La philosophie des grands maîtres d'arts martiaux, bien qu'elle varie selon les écoles (Japonaises, Chinoises, Coréennes, etc.), converge vers un ensemble de principes universels qui transcendent la simple technique de combat. Pour eux, l'art martial (le Budo ou le Wushu ) est un Do —une Voie ou un chemin de vie. Voici les piliers de cette philosophie : 1. 🥋 La Maîtrise du Soi Avant la Maîtrise de l'Adversaire C'est peut-être le principe le plus essentiel. Les grands maîtres insistent sur le fait que le véritable ennemi n'est pas à l'extérieur, mais à l'intérieur : L'Humilité (Humble Piety) : La connaissance de sa propre force doit s'accompagner d'une profonde humilité. L'entraînement intensif révèle non seulement la puissance, mais aussi les limites et les faiblesses. La Non-Résistance Mentale : La force se trouve dans la souplesse (l'eau). Face à un conflit, le maître cherche d'abord à absorber ou à dévier la force de l...

Kim Wing Chun

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  Ah, la légende de la naissance du Wing Chun ! Une histoire qui mélange kung-fu, féminisme avant l'heure et une bonne dose de karma martial. Je vais te la raconter comme tu l'as esquissée, avec une pointe d'humour pour ne pas prendre ce seigneur de guerre trop au sérieux (après tout, c'est un rat ), mais en plongeant dans les détails techniques pour les amateurs d'arts martiaux. On va disséquer les principes du Wing Chun : économie d'énergie, ligne centrale, adhésion (chi sao), et ces fameuses chaînes de poings qui transforment tes bras en mitrailleuses à chi. Prêt ? Allons-y, comme si on était ringside au temple Shaolin. La Belle et le Brute : Les Origines Tout commence au XVIIe siècle, en pleine dynastie Qing, quand la Chine bouillonne de rébellions et de seigneurs de guerre qui se prennent pour des empereurs en herbe. Notre héroïne s'appelle Yim Wing Chun (ou Ng Wing Chun dans certaines versions – on va l'appeler Mademoiselle Wing Chun pour coller à ...

Yip Man

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  Ah, mes chers amis experts en arts martiaux, rassemblez-vous autour de ce feu imaginaire, car je vais vous conter l'histoire de Yip Man, non pas comme un simple récit historique poussiéreux, mais comme une épopée vivante, pleine de sueur, de sagesse et d'un soupçon de malice. Imaginez-le comme un vieux maître qui, un soir de pleine lune, s'assoit avec vous sur un tatami usé, une tasse de thé fumant à la main, et déroule son fil avec un sourire en coin. Bienveillant, oui, car Yip Man était un homme de cœur, un pilier de résilience qui transformait les tempêtes en leçons. Et avec un brin d'humour, parce que la vie, comme un bon combat, est trop sérieuse pour ne pas en rire. Allons-y, comme si c'était hier, avec la vivacité d'un enchaînement de chi sao qui vous prend au dépourvu. Il était une fois, en 1893, dans la bouillonnante Foshan de la province du Guangdong, un petit garnement nommé Ip Kai-man – notre futur Yip Man – qui naquit dans une famille de marchands...

Gichin Funakoshi

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  Sous les pins d’Okinawa La nuit est douce sur Shuri, capitale d’Okinawa. Les lucioles dansent autour des lanternes et un enfant fragile, sujet à l’asthme, tousse en silence. Il s’appelle Gichin Funakoshi. Ses parents craignent pour lui : ce garçon fluet survivra-t-il aux rigueurs de la vie insulaire ? Un voisin le confie à un maître austère, Ankō Azato, stratège et sabreur redouté, qui voit dans ce petit corps tremblant une âme à polir. Chaque soir, à la lueur des lampes à huile, l’enfant apprend à répéter les postures du Tōde – l’“art de la main de Chine”. Pas de cris, pas de gloire, juste le bruit du vent dans les pins et la respiration qui s’allonge. Peu à peu, la maladie recule. Le garçon se redresse, il devient élève, puis disciple. À l’école de Shuri, il rencontre aussi Ankō Itosu, autre géant discret, qui décide de transformer l’art secret d’Okinawa en une méthode accessible aux jeunes. Funakoshi, jeune instituteur, l’assiste. Il comprend que le karaté n’est pas seulement ...