Tomoe Gozen (巴御前)
Dans le Japon troublé du XIIᵉ siècle, à l’époque des guerres entre les clans Minamoto et Taira, on raconte qu’une femme se tenait aux côtés des plus valeureux samouraïs. Elle s’appelait Tomoe, et son nom devint Tomoe Gozen – « Dame Tomoe », signe de respect.
On disait d’elle qu’elle était « belle et forte, une archer hors pair, une cavalière intrépide, et une sabreuse capable d’affronter mille guerriers ». Dès son plus jeune âge, elle maniait le naginata, l’arc et le katana avec une grâce terrible. Sur son cheval de guerre, son armure étincelante, elle inspirait la crainte comme la fascination.
Tomoe servit le général Minamoto no Yoshinaka, son seigneur et parfois, dit-on, son amant. Lors de la grande bataille d’Awazu (1184), Yoshinaka, acculé par des forces supérieures, se prépara à une mort certaine. Mais Tomoe refusa de se replier, malgré les ordres de son seigneur qui voulait l’épargner.
Elle chargea seule contre un samouraï géant, Onda no Hachirō Moroshige, réputé invincible. Elle l’empoigna par son casque, le jeta de son cheval et le décapita sous les yeux de tous. Par ce geste, elle grava son nom dans l’éternité.
Après la mort de Yoshinaka, les récits divergent : certains disent qu’elle fut capturée et contrainte à se marier, d’autres qu’elle devint nonne, retirée dans la méditation. Quoi qu’il en soit, Tomoe reste une légende : l’image d’une femme qui vécut l’honneur des samouraïs jusqu’au bout.
L’enseignement martial
De Tomoe Gozen se dégage une leçon puissante pour les arts martiaux et la vie :
Tomoe savait qu’elle ne sortirait probablement pas vivante de la bataille d’Awazu. Pourtant, elle choisit d’affronter l’impossible, non par folie, mais par fidélité à ses valeurs et à son seigneur.
Pour le pratiquant d’arts martiaux, cela enseigne que :
La technique, la force et l’entraînement sont indispensables, mais c’est l’esprit qui décide de la victoire ou de la défaite.
Dans la vie, comme au combat, il y aura des moments où tout semble perdu. Le choix est alors simple : céder ou rester debout. Tomoe incarne ce moment où l’on dit « j’avance malgré tout ».
Elle rappelle aussi que la dignité est une arme. Même dans la défaite, même dans la mort, on peut laisser un exemple éclatant, une trace qui inspire les générations suivantes.

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